photo mbp

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Kuei-shien Leen (Taiwan), Eva Petropoulou Lianoy (Grèce), Thierry Mathiasin (France), Joël Dely (France), Domi Bergougnoux (France), Daniele Beghè (Italie)

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   烏克蘭向日葵

把向日葵種籽

放入征衣口袋裡

準備在戰場以肉身

化為塵土培養基

以鮮血灌溉

在烏克蘭主權國土上

牢記新婦叮嚀

要以新縫征衣見證

復員共同栽植

保護國花的品種

朝天空微笑

在烏克蘭自由國土上

   by Lee Kueu-shien(Taiwan 

Sunflower in Ukraine

I put the seeds of sunflower

into the pocket of my military uniform

ready to turn my flesh in the battlefield

as their medium on earth

and irrigate them with my blood

on the sovereign territory in Ukraine.

I keep in mind the advice of my bride

to witness with my new uniform on site

and when return home after war

to cultivate this species of national flower

smiling toward the sky

on my free homeland in Ukraine.

Floarea-soarelui în Ucraina

Am pus semințele de floarea-soarelui

în buzunarul uniformei mele militare

gata să-mi las trupul pe câmpul de luptă

pentru a le hrăni rădăcinile pe câmpuri

și să le irig cu sângele meu proaspăt

pe teritoriul suveran al Ucrainei.

Păstrez în minte sfatul iubitei mele

de a fi martor aici cu noua mea uniformă 

și când mă întorc acasă după război

să cultivăm împreună această floare națională

zâmbind înspre cerul care se lasă dimineața

peste patria mea liberă, Ucraina.

(Traducere de Elena Liliana Popescu)

Tournesols en Ukraine

J’ai mis les graines de tournesol

dans la poche de mon uniforme de soldat

disposé à donner ma chair sur le champ de bataille

comme leur support en terre

en les irriguant de mon sang

sur le territoire souverain d’Ukraine.

Je pense aux conseils de ma fiancée

je témoignerai sur place avec mon nouvel uniforme

et au retour après la guerre

je cultiverai cette fleur nationale

radieuse vers le ciel

sur ma libre patrie d’Ukraine.

trad. Marilyne Bertoncini

J’ai besoin d’écrire un poème

Un poème qui servira de gardien de la paix

Entre Dieu et l’humanité

Entre les frères et sœurs

Entre moi et mon humeur

J’ai besoin de trouver les vers

Être complètement différent du passé

Et si nouveau pour s’adapter au présent

Besoin d’avoir une vérité

Justifié et accepté

Besoin d’écrire une nouvelle histoire

Un nouveau livre sur la vie

Chaque jour est une nouvelle découverte

Les gens deviennent méchants

L’échec gagne dans tant de niveaux

Et l’amour est remplacé par de la nourriture

Les gens sont divisés

Entre ceux qui aiment la guerre

Entre ceux qui aiment la Paix

Besoin d’écrire un poème sur la peur

Et l’obscurité qui couvre quand une bombe débarque dans ton jardin

Mais beaucoup d’étoiles brillent

Donc faut pas avoir peur des ténèbres.

Mais avons-nous vraiment besoin de réorganiser dans notre esprit à quoi ressemble l’inconnu ?

Les gens sont divisés

Entre ceux qui aiment l’Arme

Entre ceux qui aiment la Paix

C’est si difficile de penser avec l’estomac plein

Les gens ont oublié d’aimer et ils deviennent

Esclaves de leur estomac..

De leurs poches

Petits serviteurs de ce grand ventre

Et ces poches sont pleines d’argent

La poésie unit les gens

La poésie voyage plus vite que les mots inconnus, qui restent à naître

Dans la tête d’un auteur…

Besoin d’écrire un poème

A propos du bonheur

Le sourire des enfants

Le voyage qui ne finit jamais….

Qui est le capitaine du bateau ??

Qui va arrêter la guerre ???

©®Eva Petropoulou Lianoy

Rien, pas même les bombes ne résistent à nos fruits de chairs coulées dans un jour sans fin,

nos petits soldats où nous ramassions

la peau des guerres larvées,

la tranchée où tout avait fleuri à force de barque creusée dans l’écorce,

des nuits dansées avec le sang dans la gorge,

l’amour à bout portant d’étoile

La lune rêvait entre tes mains sans autre éclat que la fureur du vent dans nos veines,

la fronde des ombres où nous demandions

à la pluie de faire éclore toutes les fleurs pour enchanter les ruines,

le sous-bois enfouissant parmi la cendre humide nos soleils de rages mêlées

Pas de sources pour nous absoudre de nos cris, ni d’alcôves pour nous consoler du monde,

les racines où nous démêlions toutes les cruautés et leurs bouches de viols,

arrachant les oiseaux à la pâleur des épaves,

pour que l’aube chante sur la mer avec nos

langues dressées en toison arborescente

pour boire nos matins

L’horizon ouvrait tous ses galbes par la grâce de ton souffle, la végétation séditieuse de tes seins

et les arbres se détachaient dans la beauté du ciel rehaussée par les traits qui naissaient abondant autour de mon regard gravé pour l’éternité

Thierry Mathiasin

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Je vois le sable obscurcir l’horizon.

Trop de lumière jaunie,  de paleur

Comme une épaisseur qui semble ralentir

Jusqu’au vol des oiseaux.

Souffle chaud,  sirroco ou simoun.

A moins que ce ne soit la poussière

De nos champs de bataille.

Justement,  je ne sais plus

Si cette humanité trop attentive

A ses drôles de frontières

Ne prends pas, un peu plus

L’habitude de mordre sa propre poussière.

Le désert de nos coeurs,

Nos sagesses taries,

Assèchent, désormais,  inexorablement,

Le lit de nos futurs.

Seuls les rochers des crêtes, tout la haut,

Mis à  nu par tant de mauvais sorts

Veillent, solitaires , impassibles,

Et ne garderont de nous

Que le souvenir d’un souffle illusoire,  de passage.

A moins qu’une ultime signature de feu

Venu embraser le coeur des hommes

Ne nous sortent de la torpeur.

Les miracles,  qui sait

Habitent peu être encore

Le secret de nos nuits.

Joel Dely

De nos bouches ouvertes

nous lançons des mots tremblants

chargés d’amour comme des bulles rouges

vers nos sœurs en exode

nous ouvrons grand le cercle de nos bras

pour bercer leur fatigue 

Nous sommes loin 

mais nous entendons les chants de résistance 

monter sous les coupoles d’or de Kiev

ici le printemps est en avance

l’air très doux est semé de pétales

et nous pensons à votre blondeur lasse

dans le noir des caves

à votre force dressée contre l’inhumain

à votre ciel d’acier zébré du feu des bombes

aux chars gris qui s’approchent

à vos cœurs battants sous la neige

Domi Bergougnoux

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GRADI DI APERTURA

Lo sviluppo della comunità umana

si lega al destino di un buco

nell’ordito in mattoni del muro,

aperto alla luce, ai suoni,

al buio e a silenzi del mondo,

corredato  ad arte da un infisso

con apertura variabile. La finestra

è un gesto.

Daniele Beghè (da Gallateo dell’abbandono)

DEGRÉS D’OUVERTURE

L’évolution de la communauté humaine

est liée au destin d’un trou

dans l’agencement de brique du mur,

ouvert à la lumière, aux sons,

aux ténèbres et aux silences du monde,

et doté à dessein d’un cadre

à ouverture variable. La fenêtre

est un geste.

trad. Marilyne Bertoncini