… parce qu’ils ne demandent rien, ou si peu – parce qu’ils ne « participent » pas à la vie sociale, du travail ou des loisirs – notre société les oublie – ils sont pourtant des millions touchés par le chômage, la précarité, sinon la misère, dans notre pays.
Les derniers chiffres remontent à 2019, mais la crise économique induite par la pandémie peut faire craindre le pire. Il suffit de lire les conclusions de l’observatoire des inégalités

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photos : Marilyne Bertoncini

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Je vous invite à la colère, face à notre indifférence pour la misère invisible. Colère, et non indignation – cette réaction bien confortable, au fond, qui rejoint l’attitude philosophique et contemplative de Lucrèce, au premier livre de La Nature des Choses :

« Il est doux, quand la mer est haute et que les vents soulèvent les vagues, de contempler du rivage le danger et les efforts d’autrui : non pas qu’on prenne un plaisir si grand à voir souffrir le prochain, mais parce qu’il y a une douceur à voir des maux que soi-même on n’éprouve pas. »

(traduction Ernest Lavigne, 1870)

Non, la misère n’est pas dans « la nature des choses » – pas plus que notre cécité !

M.B