photo mbp

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Alice-Catherine Carls nous avait déjà offert un texte de la poète d’origine polonaise Anna Frajlich (bannie de son pays lors de la violente campagne antisémite de 1968, et vivant désormais à New-York) – c’était alors à propos de la guerre en Ukraine (on la retrouve ici sur nos pages).
Le poème d’aujourd’hui parle d’une autre blessure de notre époque secouée par les guerres et la violence des rapports humains, la sourde résurgence d’époques noires que nous souhaitons tous éviter, pourtant et que nous peinons parfois à identifier. Qu’en dit-on? demande le poème … Qu’entend-t-on, quelle oreille prêtons-nous à l’autre – quelle main lui tendons-nous?

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Co piszą o tym? 

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Zadzwoniła Angela

wojna w Izraelu głęboko ją poruszyła

chce

żebym czytała Biblię

tłumaczę się

nie mam czasu

jestem świecką Żydówką

świecką? – pyta

weź Księgę i czytaj

wyciągam z półki

Genesis

wiernie przetłumaczone

czytając powoli się zbliżam

do końca XV rozdziału

nasieniu twemu dam tę ziemię

czytam

a co piszą o tym w gazetach?

01.15.2024

Qu’en dit-on ?

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Angela me téléphone

la guerre en Israël l’a secouée

elle veut

que je lise la Bible

je m’explique

je n’ai pas le temps

je suis une Juive laïque

laïque? s’étonne-t-elle

prends les saintes Écritures et lis

je prends sur l’étagère

le Livre de la Genèse

dans une traduction fidèle

en lisant lentement j’atteins

la fin du chapitre 15

A ta semence je donne ce pays

je lis

mais qu’en dit-on dans les journaux?

15 janvier 2024

trad. A.C Carls