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Un message d’espoir, et de solidarité, à l’approche de l’anniversaire du 17 mai 1990, date à laquelle l’homosexualité est retirée de la liste des pathologies mentales par l’OMS. En souvenir de cet événement, c’est un 17 mai qu’est célébrée la Journée Mondiale de lutte contre l’homophobie. Cette occasion doit permettre de rappeler qu’il y a selon la presse plus d’une agression homophobe par semaine en France. Tous les exemples évoqués dans ce poème sont inspirés de faits divers réels rapportés dans la presse en ligne.

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Poème pour le 17 mai

Pour Lucas, 13 ans, poussé au suicide
À force de brimades, parce qu’il
Avait assumé aimer les hommes,
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Pour Jefferson, violemment agressé
À la sortie d’une boîte de nuit,
Juste avant son mariage avec Pedro,
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Pour Arturo, Adriano et Killian
Insultés, menacés et frappés
Sur le cours Saleya,
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Pour Clément, agressé au taser
Électrique et frappé,
Au sortir d’une discothèque de Lyon,
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Pour les deux femmes de Fontenay-sous-Bois
Rouées de coups parce qu’elles
Avaient osé s’embrasser sur un banc,
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Pour ces deux toulousains, jetés au sol et
Violemment battus un dimanche matin,
Parce qu’ils se donnaient la main,
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Pour ce couple d’hommes
Insultés et frappés
Dans le métro de Lyon,
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Pour ces deux amoureux
Suivis par une dizaine de personnes,
Dans le tramway de Clermont-Ferrand,
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Pour ces femmes, frappées
Par un alcoolique
Dans le RER parisien,
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Pour le jeune Guinéen jeté au sol et frappé au visage
Par cinq hommes qui ne supportaient pas
La vue de son drapeau arc-en-ciel,
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Pour tous ceux et celles
Qui ont été insultés, menacés,
Frappés du poing et du pied,
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Pour celles et ceux
Que l’on regarde de travers
Pour une simple différence,
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Pour tous ceux et celles
Abandonnés par
leurs familles,
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Pour tous ces jeunes youtubers
Qui n’ont que vingt ans de moins que moi
Et qui parlent de leur différence
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Avec une facilité, une liberté
Impressionnantes et inimaginables
Jusqu’à il y a quelques années,
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Pour celles et ceux,
À qui il n’est rien arrivé
Mais qui ont peur,
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Pour tous ceux et celles, contraints
De surveiller gestes et postures,
De sans cesse dissimuler qui ils sont,
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J’écris ce poème pour vous tous,
Parce qu’on a recensé selon la presse
Plus d’une agression par semaine en un an,
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J’écris ce poème
Parce qu’il faut rappeler
Qu’aimer une personne du même sexe
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N’est pas une aberration,
Pas une maladie mentale,
Mais juste de l’amour,
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Pas une abomination,
Pas une erreur fatale,
Mais juste de l’amour,
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Pas une monstrueuse aspiration,
Pas une folie létale,
Mais juste de l’amour,
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Et que l’amour ne se commande pas,
Il plante sa flèche là où il veut,
Et où qu’elle se fiche c’est merveilleux,
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J’écris ce poème
Pour dire cette chose toute simple
Que l’amour est le plus beau
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Et sans doute aussi
Le plus fort et le plus grand
Sentiment de l’univers,
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Et que personne ne devrait
Avoir honte d’être amoureux
Ni peur de le montrer,
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Fût-ce en le criant sur tous les toits,
En dansant, en chantant, en hurlant,
Face à la terre entière,
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Fût-ce avec exubérance,
Avec énergie, folie et sans tempérance,
Avec joie, passion et fierté
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D’être tout simplement gay.

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Né en 1987 à Nice, Gabriel Grossi vit et enseigne à Cagnes-sur-Mer, où il est actuellement professeur des écoles. Docteur ès lettres, chercheur associé au CTELA (Université de Nice), auteur d’une thèse sur la poésie de Jean-Michel Maulpoix, il publie régulièrement des articles critiques. Il fait partie du PoëtBuro qui organise chaque année le « festival Poët Poët » dans les Alpes-Maritimes. Il a publié son premier recueil, Concordance, en novembre 2022. Depuis 2015, il anime le blog Littérature Portes Ouvertes où ce poème peut être lu : https://litteratureportesouvertes.wordpress.com/2023/04/28/poeme-pour-le-17-mai/