photo mbp

.

John Angell Grant (USA), Delphine Burnod (France), Bob Zaslow (USA), Valérie Canat de Chizy (France), Alexandra Psaropoulou (USA-Grèce), Dane Ince (USA), Antje Stehn (Allemagne-Italie), John F McMullen (USA), Richard Harries (GB), Georgiana Marculescu (Roumanie-Québec), Natalie Nera (Tchéquie)

The green notebook

As the cat steps slowly out

A side door

And into the backyard,

She sees a bright green notebook

Sitting on a garden table,

Under an umbrella,

Sheltered from the misty rain.

She jumps up on the table,

Finds a dry spot,

And sits next to the notebook;

Which she understands

Is a source of love.

She suspects I will sit at the table also,

And she wants to be with me.

The sun is low in the morning winter sky.

The rain now falls steadily.

This is good,

Because California is dry.

Joining the cat

Under the large garden umbrella,

I seat myself

In a dry chair,

And listen.

One bird calls,

Lonely,

In the distance.

Water splashes into the gutter

And lightly onto the ground.

The rain has something to say.

I don’t speak “rain” fluently,

So I will translate the best I can.

It seems to say,

“Be kind to yourselves,”

As it wets the dry ground.

Then it continues,

“And be kind to others.

We are here for only a short time.

Enjoy your momentary spark of earthly existence.

Soon it will be gone.

Here is some water.”

I look at the cat,

She looks up at me.

We understand today’s message,

Which is now written

In the green notebook.

John Angell Grant

Le carnet vert

Alors que le chat sort lentement

Par une porte latérale

Dans le jardin,

Elle  aperçoit un cahier vert vif

Sur une table de jardin,

Sous un parasol,

A l’abri du crachin.

Elle saute sur la table,

Trouve un endroit sec,

Et s’assoit à côté du cahier;

Dont elle comprend

Que c’est une source d’amour.

Elle soupçonne que je vais m’asseoir là aussi,

Et veut être avec moi.

Le soleil est bas dans le ciel de matin d’hiver.

La pluie maintenant tombe régulièrement.

C’est bien,

Parce que la Californie est aride.

Rejoignant le chat

Sous le grand parasol du jardin,

je m’assois

Sur une chaise sèche,

Et j’écoute.

Un oiseau appelle,

Seul,

Au loin.

L’eau éclabousse dans la gouttière

Et à peine sur le sol.

La pluie a quelque chose à dire.

Je ne parle pas « pluie » couramment,

Je vais donc traduire du mieux que je peux.

Elle semble dire,

« Soyez bons avec vous-mêmes »,

Tandis qu’elle humecte le sol sec.

Puis elle continue,

« Et soyez bons avec les autres.

Nous ne sommes ici que pour peu de temps.

Profitez de votre brève étincelle d’existence terrestre.

Ce sera bientôt fini.

Voici de l’eau. »

je regarde le chat,

Elle me regarde.

Nous comprenons le message d’aujourd’hui,

Qui maintenant est écrit

Dans le cahier vert.

trad. Marilyne Bertoncini

Il y a des actes invisibles qui sauvent de tout

Au milieu d’une forêt cueillir une branche

et la replanter

Les gens disent greffer

Je griffonne aussi

mais ma terre n’a pas besoin d’eau

un cœur suffit

Je l’entends battre comme un pivert le long d’un tronc

il ne s’arrête pas, tambourine, me picore l’âme

C’est juste un oiseau

mais son entêtement comme le mien à griffonner

donnent des ailes au jour

Il faudrait un jour tous regarder le ciel au même moment

et le faire battre

Son pouls invisible nous ferait grandir

nous envoler

et nous porterions nos plumes à l’endroit où il n’y en n’a plus

C’est ici qu’elles serviraient le plus

réchauffer l’âme

et lui greffer un poumon

celui du ciel

Delphine Burnod

Mourning Dove

I don’t wish to mourn

the death of peace

but I mourn

the death of innocence

the death of innocents

In no sense

can I understand

In no sense

can I forgive

In no sense

can I know

it will be all right

In no sense

can I rationalize

the brutality

inhumanity

insanity

Innocence is gone

In its place

a bloody stretcher

a hand, a foot

ashes, ashes

Colombe en deuil

je ne veux pas pleurer

la mort de la paix

mais je pleure

la mort de l’innocence

la mort d’innocents

En aucune façon

je ne peux comprendre

En aucune façon

je ne peux pardonner

En aucune façon

je ne peux savoir

que ça va aller

En aucune façon

je ne peux rationaliser

la brutalité

l’inhumanité

l’insanité

L’innocence a disparu

À sa place

une civière sanglante

une main, un pied

des cendres, des cendres

The Point

Just beyond yourself

the sides of your

path toward peace

converge to

a single

point

you will

never reach.

But you must not stop.

Though it moves

ever away,

your senses

are moved by

the hard-packed clay,

as each stone and

pebble and

cottonwood seed and

fragrance of

pine bark and

the stream’s gurgle

brings you peace.

The path

is the

point.

Bob Zaslow

Le point

Juste au-delà de vous-même

les bords de votre

chemin vers la paix

convergent vers

un seul

point

que vous ne pourrez

jamais atteindre.

Mais vous ne devez pas arrêter.

Même s’il se déplace

toujours plus loin,

vos sens

sont touchés par

la terre battue,

tout comme chaque pierre et

caillou et

graine de peuplier et

parfum d’écorce

de pin et

le gargouillis du ruisseau

vous apportent la paix.

Le chemin

est le

point.

trad. Marilyne Bertoncini

.

je la voyais de loin la guerre
drapeau bleu ciel et jaune
myosotis pas de mots pour
en parler juste une menace
invisible sont venues les
images de saccage et de boue
lui l’homme encore à vélo
fauché en pleine course cet
autre avec sa parka beige
et ses baskets allongé sur
Le sol j’ai vu cette femme
pleurer son mari tué dans
une cave sont-ce des mots
à écrire dans un poème
ils disent l’envers du
décor nient l’idée même
de poésie l’autre jour
au cours de cette exposition
une œuvre représentant un
oiseau et en-dessous écrit
« Je désire la paix »

Valérie Canat de Chizy

So Close by

Are you okay there

With war so close by

The line the lineage

I was sleeping and did not realize

.

Realize where I stand

In this line of humanity

Goes back so far

Too far to see

And what is ahead

.

In my head

The revolution

The corruption of youth

Was the radical charge

While I only spoke to you

.

You sapphires sparkle smiles

And petals pedals

This is subversion

This speech of caring

Caring that minds are not idol

Of rhythm

Of song

Of more than agony

Of screams singing

The plague wrought by men

Men who insist they are god

Dane Ince

Si proche

comment ça va, là-bas

Avec la guerre si proche

La ligne la lignée

Je dormais et je n’ai pas réalisé

.

Réalisé où je me trouve

Dans cette ligne d’humanité

Remontant si loin

Trop loin pour voir

Et ce qui nous attend

.

Dans ma tête

La révolution

La corruption de la jeunesse

C’était l’accusation principale

Quand je ne parlais qu’à toi

.

Tu étincelles de sourires saphirs

Et de pédales de pétales

C’est cela la subversion

Ce discours de prise en charge

En charge des esprits afin qu’ils ne soient pas simulacres

De rythme

De  chanson

De plus que l’agonie

De hurlements chantant

Le fléau forgé  par les hommes

Des hommes qui soutiennent qu’ils sont Dieu

trad. Marilyne Bertoncini

Quel vecchio muro di Berlino

Impossibile da scavalcare

non è crollato

l’hanno venduto pezzo per pezzo

lastre di cemento demolite

esposti come trofei nei musei

mentre i suoi frammenti

gadget insanguinati

sono dispersi in tutto il mondo

a moltiplicarsi in una

pandemia di guerre.

Pensieri, ragionamento, spirito critico

sopraffatti dagli istinti primordiali

Tutti vogliamo solo la PACE

quelli buoni e quelli cattivi

aizzati l’uno contro l’altro

come due magneti repellenti

PACE

una parola gettata a terra

stravolta

prosciugata

umiliata

sanguinante

sofferente

violentata per anni.

divorata dalle termiti

rimane solo

un guscio vuoto

Antje Stehn

Ce vieux mur de Berlin

Impossible à franchir

ne s’est pas effondré

ils l’ont vendu morceau par morceau

dalles de béton démolies

exposées comme trophées dans les musées

tandis que ses fragments

gadgets sanglants

sont dispersés à travers le monde

se multipliant en une

pandémie de guerres.

Pensées, raisonnement, esprit critique

submergés par les instincts primaires

Tous nous voulons juste la PAIX

les bons et les mauvais

dressés les uns contre les autres

comme deux aimants répulsifs

PAIX

un mot jeté à terre

bouleversé

tari

humilié

saignant

Souffrant

violé depuis des années.

dévoré par les termites

seule reste

une coquille vide

trad. Marilyne Bertoncini

That old wall in Berlin

impossible to climb over

did not collapse

they sold it piece by piece

concrete slabs demolished

exhibited as trophies in museums

while the fragments

bloody gadgets

are dispersed throughout the world

and multiply in a flagrant

war pandemic.

Thinking, reasoning, critical spirit

overtaken by primordial instincts

And still we all just want

PEACE

the good ones and the bad ones

set one against the other

like two repelling magnets

PEACE

a word thrown to the ground

turned upside down

twisted

humilated

bleeding

suffering

raped for years

eaten away by termites

only an empty shell

remains

Antje Stehn

Die alte Mauer in Berlin

unbezwingbar

brach nicht zusammen

wurde verkauft Stück für Stück

abgerissene Betonplatten

als Trophäen in Museen gestellt

und die Wandsplitter blutige Gadgets

über die Welt verstreut

vermehren sich in

pandemischen Kriegen.

Gedanken, Argumente, kritischer Geist

von Urinstinkten überwältigt

wir alle wollen FRIEDEN

die Guten und die Bösen

gegeneinander ausgespielt

wie zwei sich abstoβende

Magnete

FRIEDEN ein wichtiges Wort

zu Boden geworfen

verdreht, gequӓlt

gedemütigt

blutend

jahrelang vergewaltigt.

Von innen heraus verschlungen

bleibt nur seine leere Hülle

Antje Stehn

What Can I Do?

The bombs are falling
the mortars are shelling
houses are falling
people are dying

What can I do?

I didn’t know that
Ukraine was so modern with
big fancy apartment houses
5 rooms with terraces
like ones I once lived in
now rubble
with unlucky tenants
blown up or buried alive

What can I do?

People walking
with a lifetime
of possessions
in one bag
carrying children
and pets
leaving all behind
as they flee death

What can I do?

I never saw anything
like this before
Vietnam – Iraq – Afghanistan
were all newspaper wars
with highlights at 7PM
this is real time
and it is horrible

What can I do?

I could send a lot of money
if I had any
I could go over and fight
if I were 50 years younger
I could pray
if I believed that it would work

What can I do?

So I watch

consumed by the horror
fearful of missteps that could bring on World War III
concerned for the first time ever for my family and home

but I have my answer


What can I do?

I can only write

Copyright John F McMullen 2022

Que puis-je faire?


Les bombes tombent
les mortiers pilonnent
les maisons s’écroulent
les gens meurent

Que puis-je faire?
.
j’ignorais que
l’Ukraine était si moderne avec
de grands immeubles de luxe
5 chambres avec terrasses
comme ceux où j’ai vécu
maintenant décombres
avec des locataires malchanceux
explosés ou enterrés vivants
.
Que puis-je faire?
.
Des gens marchent
avec tout ce qu’ils possèdent
dans la vie
réduit à un seul sac
et qui portent des enfants
et des animaux
laissant tout derrière eux
en fuyant la mort
.
Que puis-je faire?
.
je n’avais jamais rien vu
de comparable avant
Vietnam – Irak – Afghanistan
c’ étaient des guerres de journaux
avec des temps forts à 19h
là c’est le temps réel
et c’est horrible
.
Que puis-je faire?
.
Je pourrais envoyer plein d’argent
si j’en avais
je pourrais aller me battre
si j’avais 50 ans de moins
je pourrais prier
si je croyais que ça puisse marcher
.
Que puis-je faire?
.
Alors je regarde

consumé par l’horreur
craignant des faux pas qui pourraient provoquer
la troisième guerre mondiale
pour la première fois inquiet pour ma famille et ma maison
mais j’ai ma réponse
.

Que puis-je faire?

je ne peux qu’écrire

trad. Marilyne Bertoncini

Not a Matter of Gay Pride 

Went to stay in Malta

In the sun

Bugibba was lovely

The hotel was good

In an area in reception met a friendly young man

From Chechnya

So pleased he could travel

Freedom had come to him at last

He worked in Moscow

In finance he said

He was so pleased he had been allowed to travel

And holiday in the West

He was with colleagues 

Mainly older men

But he was happy to be educated 

And have freedom that’s what he said

He was 21 and had opportunity 

Not like generations before

Because Russia was opening up 

And allowing freedom once more

We sat next to each other on computers 

Me chatting on Facebook to friends

Join me on Facebook?

Oh no he could not do that 

Facebook was banned but they had freedom all the same 

Now he also told me that he had just come out

He was gay and happy now that freedom had arrived 

He only stayed in the hotel a few days 

No month in the sun for him

But four years later 

I assume that his freedom is over

And he is now in a camp

A concentration camp

Either dead, or waiting for death

Because the evil that is happening there 

Is happening to real live men

And this young man was full of hope

And life, and love 

What is happening now is so fucking evil

And of humanity I fucking despair 

Richard Harries

Pas une question de Gay Pride

J’ai séjourné à Malte

Au soleil

Bugibba était adorable

L’hôtel était bien

Près de la réception, j’ai rencontré un charmant jeune homme

De Tchétchénie

Tellement content de pouvoir voyager

La liberté était enfin arrivée jusqu’à lui

Il travaillait  à Moscou

Dans la finance, disait-il

Il était tellement content d’être autorisé à voyager

A prendre des vacances à l’Ouest

Il était avec des collègues

Surtout des hommes plus âgés

Mais il était content d’avoir eu de l’éducation

Et d’avoir la liberté c’est ce qu’il a dit

Il avait 21 ans et avait eu des opportunités

Pas comme les générations précédentes

Parce que la Russie s’ouvrait

Et permettait de nouveau plus de liberté

Nous étions assis côte à côte aux ordinateurs

Moi discutant sur Facebook avec des amis

Me rejoindre sur Facebook ?

Oh non, il ne pouvait pas faire ça

Facebook était interdit mais ils avaient la liberté quand même

Maintenant, il m’a dit aussi qu’il venait de faire son coming out

Il était gay et heureux maintenant que la liberté était arrivée

Il n’est resté à l’hôtel que quelques jours

Pas des mois de soleil pour lui

Mais quatre ans plus tard

Je suppose que sa liberté est terminée

Et qu’il est maintenant dans un camp

Un camp de concentration

Soit mort, soit attendant la mort

Parce que le mal qui advient là-bas

Advient à de vrais hommes vivants

Et ce jeune homme était plein d’espoir

Et de vie et d’amour

Ce qui se passe maintenant est tellement diabolique

Et de l’humanité je désespère putain

trad. Marilyne Bertoncini

Close the sky


They’ve got this recycled sky They didn’t know it was inside out.
.
All the gods were stuck inside 
While people were walking with round mouths.
.
Close the sky! 
Missiles are following our children. 
Flesh scrapbooks.
.
No one was looking up anymore
They learned to crawl through days soil scavenging. 
.

Lock the sky! 

.
This strainer could be free just for the ravens. 
If we are lucky.    
Hope could come just from the inner core of the earth 
Where we are sure that the blue egg was born before the hen.

Fermez le ciel


Ils ont ce ciel recyclé
Ils ignoraient qu’il était à l’envers.
.
Tous les dieux étaient coincés à l’intérieur
Pendant que les gens marchaient bouche béante.
.
Fermez le ciel !
Les missiles pourchassent nos enfants.
Albums de chair..

Plus personne ne ne levait les yeux
Ils apprirent à ramper le long des jours en grattant le sol.
.
Verrouillez le ciel !
.
Cette passoire devrait n’être libre que pour les corbeaux.
Si on a de la chance.
L’espoir pourrait venir juste du noyau interne de la terre
Où l’on est sûr que l’œuf bleu est né avant la poule.

We can no longer hide for peace


Some people no longer wake up thinking of tomorrow.
Tomorrow is no longer hanging on the rusted rack prepared the day before. 
It can no longer be worn in the morning. 
Yesterday’s trenches are lined up microwaves.
Where naked people are waiting with their roasted hearts. 
The ding which opens the door from above or the one to the battlements. 
A hell which deletes their sins and seeds their roots. 
As far as the seventh generation. 
Their women left with full arms and gunpowder in their pockets. 
.

We can no longer hide for peace. 
Under lids of tanks like capsules which stop on subway tracks. 
The boots of the young solders are seeking dirt where they can throw away their cigarette butts and yell freedom. 
The lids are lifted. The sun is burning their eyes.
They are tied with naval ropes and brought to the shore. 
They’ve got to choose between the Black Sea and mothers. 
The same barefeet mothers who must come behind bodies to bring their sons home. 
They will take back the ashes of the winners to their homes, to their shops, to their libraries and to their churches, bone by bone, tooth by tooth. 
The mothers’ wombs are bursting, being replaced by rising dirt and ashes.
As far as the seventh generation. 

.
We can no longer hide for peace. 
When we turn off the war from the button of the remote control.


Georgiana Marculescu

On ne peut plus se cacher pour la paix


Certains ne se réveillent plus en pensant à demain.
Demain n’est plus suspendu
à la grille rouillée préparée la veille.
On ne peut plus le porter le matin.
Les tranchées d’hier sont des rangées de micro-ondes.
Où des gens nus attendent avec leurs cœurs grillés.
Le drelin qui ouvre la porte
d’en haut ou celle des remparts.
Un enfer qui efface leurs péchés et ensemence leurs racines.
Jusqu’à la septième génération.
Leurs femmes en allées
les bras chargés et la poudre à canon dans les poches.

.

Nous ne pouvons plus nous cacher pour la paix.
Sous des couvercles de  tanks comme des capsules qui s’arrêtent sur les voies du métro.
Les bottes des jeunes soldats cherchent la terre où ils peuvent jeter leurs mégots et crier liberté.
Les couvercles sont ouverts. Le soleil leur brûle les yeux. Ils sont attachés avec des cordes de bateau et toués au rivage.
Ils doivent choisir entre la Mer Noire et les mères.
Les mêmes mères aux pieds nus qui doivent suivre des cadavres pour ramener leurs fils à la maison.
Elles rapporteront  les cendres des vainqueurs à la maison, aux magasins, aux bibliothèques et aux églises, os par os, dent par dent.
Les ventres des mères éclatent, remplacés par une marée de  terre et de cendres.
Jusqu’à la septième génération.

.
On ne peut plus cacher pour la paix.
Lorsque nous éteignons la guerre avec la télécommande.

trad. Marilyne Bertoncini

And while the bombs were falling


…on the kindergarten roofs,

we did what we knew best – we searched for words.

Instead, children with blurred faces came,

images of eighteen-year-old kids with locked triggers,

smiles and the eyes of centenarians,

thousands of years old, I know, don’t say anything, I know the answers.

While we were looking for words, words destroyed, built, gave hope,

made people disappear like mighty spells cast under the full moon,

like the prayers of unbelievers who believed in the possibilities of the world

Et pendant que tombaient les bombes …

…sur le toit des crèches,

nous avons fait ce que nous savions le mieux – nous avons cherché des mots.

Au lieu de cela, des enfants aux visages flous sont venus,

des images d’enfants de dix-huit ans aux  gâchettes verrouillées,

des sourires et des yeux de centenaires,

vieux de milliers d’années, je sais, ne dites rien, je connais les réponses.

Alors que nous cherchions des mots, d’autres mots détruisaient, construisaient, donnaient de l’espoir,

faisaient disparaître les gens comme de puissants sortilèges sous la pleine lune,

comme les prières d’incroyants qui croient aux possibles du monde

A Prayer

A tribute to two poets: Ilya Kaminsky and Jaroslav Seifert

We stepped on the shrapnels

They didn’t belong to us

So we laughed

We trembled in the basement

The pain of a stranger tickled my heels.

I shifted.

We whispered to the spectres from the other worlds.

You turned my gaze away. It’s late, too late

Our prayers for the broken cities linger

As I raise my glass

To us, to our futures, to our IKEA super king-sized beds,

To the hallway laced with shoelaces,

Slippers washed away on the D-Day beaches.

Our blinds pulled down, your face striped and spotted.

No tears left for those fallen cities.
You raise your glass.


Natalie Nera

Une prière

Pour saluer  deux poètes : Ilya Kaminsky et Jaroslav Seifert

On a marché sur les éclats d’obus

Ils ne nous appartenaient pas

Alors nous avons ri

On tremblait au sous-sol

La douleur d’un inconnu chatouillait mes talons.

Je me suis déplacée.

Nous avons parlé tout bas aux spectres des outres mondes.

Tu as détourné mon regard. Il est tard, trop tard

Nos prières pour les villes brisées se traînent

Alors que je lève mon verre

À nous,  notre avenir, nos lits IKEA extra-larges,

Vers le corridor lacé de lacets,

Les pantoufles abandonnées sur les plages du Débarquement.

Nos stores baissés, votre visage zébré et moucheté.

Il n’y a plus de larmes pour ces villes tombées.

Vous levez votre verre.

trad. Marilyne Bertoncini