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En plus de l’envoi à l’adresse de l’artiste canoa@inwind.it de vos contributions (vidéos et poèmes avec traduction en anglais ou italien…), nous recueillons pour jeudidesmots.com vos textes en français qui seront lus lors de la présentation du projet à Nice, Chez Pauline, et à Paris en lien avec Recours au poème (où vous trouverez des informations sur les autres créations collectives d’Antje Stehn). Les textes reçus seront publiés sur la page facebook de jeudidesmots.com, et j’ajouterai chaque semaine, sur le site, une sélection d’oeuvres.
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Pour plus d’information, voir notre page autour du projet sur le site
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Pour participer à notre anthologie en ligne :
– enregistrez votre texte (moins de 15 lignes) avec 3 lignes de biographie sur le même document (fichier doc. qui PRESENTE CLAIREMENT VOS NOMS ET PRENOMS1(voix exemple ci-dessous) pour éviter les risques de perte – je ne réponds pas des textes anonymes avec le seul titre du poème)
– adressez votre proposition à jeudidesmots@gmail.com
AVANT LE 20 FEVRIER 2023
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contributions de :
– (10) Cécile A. Holdban, Jean-Pierre Otte (ill.), Anne Barbusse, Dominique Penez, Louise Caroline (ill.)
(9) Marilyne Bertoncini, Dominique Hecq, Eve de Laudec, Jean-Claude Bourdet
– (8) Laodina (pastel), Martine Morillon-Carreau, Martine Audet, Carole Mesrobian, Reni Koleva
– (7) mbp (illustration), Denise Desautels, Louise Dupré, Béatrice Pailler, Estelle Fenzy & Gwen Guégan (dessin) Anne-Lise Blanchard
– (6) Elizabeth Guyon-Spennato (poème et photos), Florence Dreux, René Chabrière, Josiane Guitard-Leroux (photos), Michel Lamart
– (5) Angèle Paoli, Marie Desvignes (peinture) & Marilyse Leroux, Christophe Condello, Josiane Guitard-Leroux (poème et photos)
– (4)Nadine Travacca, Viviane Ciampi, ValérY meYnadier, Chantal Plaine
– (3) Re Chab, Emmanuelle Sarrouy, Sandrine Davin, Patrick Williamson
– (2) Sophie Brassart, Béatrice Machet, Marilyne Bertoncini, Marilyse Leroux, Alix Lerman-Enriquez
– (1) Florence Daudé (poème et photos), Jacqueline Saint-Jean, Marc Ross, Lydia Padellec …
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Tresses*
Cécile A. Holdban
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Tresses
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On peut regarder le monde avec des yeux de verre
comme une poupée mécanique
on peut réciter mille versets savants
et omettre de vivre
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De l’autre côté de la rue, on rit, on achète le pain
et on tue pour un mot
ici, je tresse les cheveux de mes filles
et j’en oublie que je suis libre
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Un nuage voile la lumière du jour
on ne voit que ce que l’on veut bien voir
le soleil aussi a des cheveux
ils sont plus beaux que tout.
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*Poème tressé de vers de Forough Farokhzad, de Cécile A. Holdban, et de sa fille Héloïse
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Présence d’une femme
Jean-Pierre Otte
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Zakhina
Anne Barbusse
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Zakhina vient toujours à l’atelier d’écriture cheveux voilés
je ne connais pas les cheveux de Zakhina
juste son sourire sa voix son prénom ses yeux
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un jour lors d’un atelier d’écriture Zakhina lit son texte
elle parle de ses cheveux
elle décrit ses cheveux
longs noirs frisés elle explique
les soins donnés à ses cheveux elle décrit à tous
ses cheveux sans la moindre hésitation elle décrit
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l’écriture a dévoilé les cheveux de Zakhina
le vent du texte a soufflé dans les cheveux de Zakhina
l’écriture a libéré toute une chevelure de mots
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Envoi des cheveux retenus
Dominique Penez
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Wear and tear
Louise Caroline
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9
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Raiponce – notre réponse
Marilyne Bertoncini
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Rappelez-vous l’échelle de ses longs cheveux descendant de la tour
qui se dressait sans escalier ni porte au cœur d’une forêt
Les longs cheveux tressés descendant jusqu’à terre
et qui servaient d’échelle pour arriver à elle.
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Rappelez-vous la chanson de Raiponce,
tout comme un rossignol enfermée dans sa cage
son chant hissant au ciel sa soif de liberté
son désir et sa force de vivre.
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Ah, vous pouvez voiler les cheveux de Raiponce
vous pouvez les couper comme fit la sorcière
Toute femme résiste au secret de son cœur
anticipe le geste, jette le voile au feu
et chante à perdre haleine le chant de la révolte
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Ne jamais négliger la morale des contes –
Raiponce est La Réponse des femmes à l’oppression
Et rien ne les arrête, les vivaces raiponces
marchant ensemble pour l’avenir –
Mes sœurs dont la douleur est ferment de révolte.
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Rapunzel in the Wind
Dominique Hecq
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I open my Bachmann to check a verse. Turn to ‘Lieder auf der Flucht’. See that the bookmark is a long black hair; the page is stained with a fingerprint where I translated in pencil: ‘when love’s golden hair hangs you reach for it, the ladder to nothingness’. Wind patterns are displaced northward and southward seasonally. Currents change speed and direction according to seasonal winds whether one lives in the east or the west. Everyone knows that. But now that there are no more seasons and they kill for a curl of hair showing in the name of their god of love, the dead’s ashes mark books.
Raiponce dans le vent
Dominique Hecq
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J’ouvre mon Bachmann pour vérifier un vers. Reprends ‘Lieder auf der Flucht’. Je vois que le signet au creux de la page est un long cheveu noir ; la page est souillée d’une de mes empreintes là où j’ai traduit au crayon : ‘quand les cheveux dorés de l’amour pendent tu la saisis, l’échelle du néant’. Les ondes de vents se déplacent vers le nord ou vers le sud en fonction des saisons. Les courants subissent des variations de vitesse et de direction que l’on vive à l’est ou à l’ouest. Mais puisqu’il n’y a plus de saisons et qu’ils tuent pour une boucle de cheveux qui dépasse au nom de leur dieu d’amour, les cendres des mortes marquent les livres.
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Eve de Laudec
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Libres alezanes
vous galopez
au balancé de vos crinières
sans liens ni tresses
tels les chevaux que l’on ne dresse
.
Face au grillage
vous vous cabrez
la robe au rouge la mort aux dents
Sous vos sabots l’âcre poussière
chasse l’obscur et les démons
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Dans leur clameur
oiseaux frondeurs
venus des lisières du désert
lissent les nœuds
et filent le crin des encolures
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Tisser un nid
où se cacher
jusqu’au nouveau printemps
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Jean-Claude Bourdet
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Elle était si maigre
Squelette figé dans
L’horreur d’un camp
C’était au collège
J’étais innocent
Le regard hagard
Je l’avais oublié
Trois fils gris pendaient
Lentement bercés
Par quelque vent
Tu es revenue
Et ce petit matin
Je te rends hommage
Toi inconnue défaite
Espérance terrible
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8
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Femme seule, cheveux au vent
Laodina
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Au vent nu de ta liberté
Martine Morillon-Carreau.
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Mon amour ma femme aux cheveux de liberté
ma si belle dans le vent Toi
ma tant aimée ma merveilleuse
ma lutteuse ma courageuse ma femme
ma sœur ma mère mon amie
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Homme j’avance ici avec toi dans le vent
Infini pour toi mon amour
toi mon amie aux noirs cheveux nus
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Ma voix te soit souffle d’amour
au vent nu de ta liberté
Sinon oh que je meure
que je sois peut-être
pendu
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au nom vivant de notre liberté !
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Fenêtre ouverte
Martine Audet
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Dans les veines du temps
Carole Mesrobian
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Dans les veines du temps
la lisière des mondes
dessinait mes épaules
autrefois découvertes
lorsque le chant volait
du vent dans mes cheveux
ce mouvement docile
d’un silence avalé
effacé-e séculaire
Depuis que l’ombre dure
entre mon visage et le ciel
il n’y a que ma peau
et ma vie circulaire
que je donne aux oiseaux
qui dévalent dans l’air
et sommeillent en haut
sur les cimes plénières
où devenir égaux
efface tous les mots
où demain doit se taire
.
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Le fil d’Ariane
Reni Koleva
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Aux femmes iraniennes
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Sur le cheveu rebelle sorti du voile
que la femme marche en funambule
en défiant sa peur du vide.
Des pas la suivent…
Le fil s’épaissit en tresse,
En corde
forte, résistante, robuste,
En chemin,
couvert des traces ensanglantées de ses pas.
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7
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Éblouissement
Denise Desautels
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avec vous, nos sœurs iraniennes
Parfois on a besoin de dire non
à ce qui nous rompt, puis nous abandonne.
Besoin de s’élever haut, très haut
nos fils de vie de soie de feu – couleurs
et odeurs longues ou brèves.
Parce que tout tombe partout
au-dedans, ici, ailleurs.
Vivement debout
et nous voilà légères – vent de face.
Voyez nos chevelures improvisent – posture
chevilles, hanches, ailes, nuque, paupières
surplombent l’univers vaste.
Sans frontières
– tout ça.
Et tenir jusqu’à l’éblouissement.
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Lumière!
Louise Dupré
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Chevelure offerte
comme un vent
de révolte
tu chantes
la vie
la vie femme
qu’on appelle aussi désir
liberté
ou lumière douce
à répandre
sur le monde.
Te voici prête
à braver l’enfer
pour un seul carré
de ciel bleu.
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L’Œil y vient avant même la main.
Béatrice Pailler
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Ma liberté me couronne.
Cheveux donnés au vent
Nourris du chemin accompli d’hier
De l’horizon qui toujours appelle.
Une chevelure, roue solaire
Déployée sur la vie
Où les regards sombrent.
Une chevelure sans crainte, tutoyant le ciel,
Rêvant la caresse, celle de l’enfant,
De l’amant : la main du jeu.
Jamais prise, elle se donne.
Nue tête, front contre monde
Ma liberté me couronne.
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Que craignent-ils
Estelle Fenzy
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Que craignent-ils, fillette, de tes cheveux
.
Qu’ils ne s’animent se dressent
se tressent en barreaux
emprisonnent leur esprit
trop petit
.
Qu’ils ne s’écoulent
s’échappent
comme une hémorragie
heureuse
.
Qu’ils les avalent
effacent
dans leur épaisseur d’oubli
leur épaisseur de nuit
.
Qu’ils ne caressent
tes épaules
mieux que leurs mains
mieux que leurs regards
.
Qu’ils te protègent
que plus jamais
tu ne sois nue
sous ton blason
.
Laisse-les avoir peur, fillette, de tes cheveux
qui n’appartiennent à personne pas même au vent
Laisse-les parler d’ombre, d’acide et de renoncement
.
Le voile à tes pieds tombé s’embrase infiniment
.
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Anne-Lise Blanchard
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Oui je m’assieds une fois encore
pour écrire
en souvenir –
à la mémoire
de Masha
.
qui courait
cheveux au vent
couronnés
de fleurs
.
dans sa longue robe
aux couleurs vives
ce bruit de tambour
en soi
tu vis
tu cours
tu cours
tu vis
en cheveux
.
et ta longue robe
aux fleurs colorées
danse
autour de toi
.
danse dans le ciel
.
et ta chevelure
dans le halo
d’une queue de comète
claque au vent
de la liberté
.
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6
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Regards persans1
Elizabeth Guyon–Spennato
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Ma Soeur d’Iran
Elizabeth Guyon-Spennato
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Ma soeur d’Iran,
Tant que ton coeur souffre, comment je serais tranquille, moi ?
Jusqu’au jour où ton territoire trouvera la lumière,
Tes pas laisseront des traces dans le sang et la poussière
Quand tes cheveux voleront-ils enfin libres au vent comme les miens ?
Respect, respect
Ce n’est que quand tes droits seront enfin respectés que tu seras libre
Quand je suis venue au monde
Je ne savais vraiment pas
Que pour être libre
Il fallait me battre corps et âme
N’oublie pas mon frère
Que c’est par notre liberté que tu trouveras la tienne
.
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note : ces photos extraites du livre homonyme sont exposées du 17 février au 18 mars, à la boutique Agnès B., 31/33 cours Estienne d’Orves, à Marseille
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L’été s’achève bientôt
Florence Dreux
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L’été s’achève bientôt
Et je reste absente
Sourde aux murmures
Du temps
L’étau se resserre
Seul l’esprit
Encore capte compte craint
Mais le cœur ?
Mais l’âme ?
L’été s’achève bientôt
Et je n’aurai pas su le voir
À moins que je ne saisisse
Oui ! – dernière chance ! –
Cette mèche
De toi
Ces cheveux
Libres
Dans le vent
.
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Cheveux dans du papier de soie
René Chabrière ( Re Chab )
..
Bien longtemps après,
j’ai trouvé dans une boîte
tout au fond du tiroir de la commode
dans du papier de soie
quelques mèches de cheveux
.
avec inscrit mon prénom,
d’une écriture fine et bleutée .
J’apprends que j’ai été blond
( C’est une façon de récupérer ,
un tout petit morceau d’enfance ).
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Je me demande où est passé le reste de la coiffure,
peut-être oublié dans un coin,
ou bien récupéré par les oiseaux
qui en ont tapissé leur nid.
—
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Josiane Guitard-Leroux
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La Panoplie de Pénélope La Panoplie de Pénélope (détail) Monstrance (à gauche) & Etrange entrelacs de noeuds de nous
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Des cheveux sur la langue
Michel Lamart
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La Liberté
Tient à un cheveu
Celui des femmes
En cette Perse
Qui trop rime avec potence.
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On pend ceux qui pensent
Mal au nom d’un Ciel
Saturé de cadavres d’enfants.
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Quand religion
Et barbarie
Dictent la conduite
Des citoyens et citoyennes
On se prend à chanter
Ah ! Ça ira ! Ça Ira !
Ça IRAN !
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5
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Chevelures
Angèle Paoli
.
Ah ! la chevelure
argent d’Elvire
son fin visage de slave
la caméra clignant
des yeux pour elle
seule savants enroulements
à sa nuque
tourne pour mieux
saisir l’art des volutes
se déplace sur les lèvres
sur la parure de perles
.
le charme d’Elvire
.
ses savantes œillades
ses sourires assortis
au violine des bagues
beauté juvénile encore
dans la brillance de l’âge
qui se dessine épouse
le velours de ses formes
amples et rondes
…
lire le poème complet ici :
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Marie Desvignes & Marilyse Leroux
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Elles
Christophe Condello
.
Pourront-elles apercevoir
à nouveau
les ailes de l’horizon
la chevelure de l’aube
réapparaître
dans la brise et la lumière
atteindre
les lieux tant reculés
de la quiétude
leurs murmures
poussière immensément rendue
à ce qui papillote
.
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Josiane Guitard
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JUSTE VIVRE LIBRE
Josiane Guitard
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Jouissance juvénile de l’autonomie
Usurpation ubuesque d’un pouvoir
Saveur savoureuse de la transgression
Tentation terrifiante du possible
Esquisseéclatante d’indépendance
Vertigineuse velléité de liberté
Inépuisable instinct de vie
Vigoureuse volonté de choix
Ravissante rêverie de cheveux au vent
Emblématique espérance de dévoilement
Liminaire légendaire d’audace
Injustice incessante pour elles
Bataille bercée par la joie
Réaction réticulaire pour toutes
Exquise ébauche de libération
.
4

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Message personnel
Nadine Travacca
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Planté dru tout autour de la tête
Long brun
Hirsute au réveil
Le cheveu se cramponne
Brossage à l’aveugle
En bandeaux au chevet du visage
Volets battants sans attaches
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Fouillis de mèches odorantes
La chevelure griffe l’air
De son sceau
Marque le territoire
.
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Pour Mahsa Amini, in memoriam
Viviane Ciampi (France/Italie)
..
Coupe tes cheveux, coupe ! Coupe tes cheveux, coupe !
J’ai attendu longtemps qu’une main me libère.
Mon cou craque, mon dos craque, mes reins éclatent
coup après coup. Les loups jouissent coup après coup.
Rires infâmes de la foule.
Mon corps est une île de douleur.
Mais toi qui sais, toi qui compatis
toi qui n’as pas les yeux affamés de sang, ni regard évasif,
toi qui montes les marches de ma peur, en mémoire de moi
coupe tes cheveux, coupe ! Coupe tes cheveux, coupe !
Je les vois descendre comme neige qui recouvre l’ignorance
d’une police morale et mortelle qui nourrit ses larves
qui torture et tue. Et toi qui me savais enfant
dans un corps de femme, en mémoire de moi
coupe tes cheveux, coupe ! Coupe tes cheveux, coupe !
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Au chant des Ciseaux
ValérY meYnadier
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Les corps pendus oscillent
Deviennent chevelures de chair, au vent
Au vent battant
De-vent les yeux grands ouverts, d’un peuple qui ne baisse pas les yeux
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Bientôt, là-bas, sous les têtes voilées
Plus de cheveux à cacher
Le chant des ciseaux, dernier acte avant exécution
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S’il le faut, Liberté en main, elles iront sur la place publique, & se couperont les têtes
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C’est ça que vous voulez ?
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Un pays sans femmes, vous oubliez d’où vous venez
Où vous allez, parfois, entre nos cuisses
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En cette année 2023, dans vos bouches de renégats, Édicteurs de lois funestes
Je rêve des baillons de cheveux plein de poux importés de tous les pays du monde
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& que l’étouffement soit, au nom de TOUTES, & tous
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Nouveau départ
Chantal Plaine
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Face à la glace, je les regarde tomber. Résolument.
C’est une inconnue maintenant qui me fixe, le regard douloureux mais déterminé.
Je n’ai pas voulu les voir partir par poignées, j’ai choisi d’anticiper.
Ni perruque, ni foulard, j’irai tête nue. La seule chose que je sois encore libre de choisir.
Perdre mon identité de femme en faisant ce choix ?
Provocation ?
Non, acceptation pleine et entière de cette nouvelle moi.
L’insouciance, la frivolité sont tombées avec mes cheveux.
Me voici prête au combat.
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les âmes fatiguées se répondent
Re Chab
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… Même si mon corps maladroit
glissait sur la boue gelée,
je suivais le déplacement de l’air,
ralenti par les branches
où mes cheveux se prenaient,
pensant suivre votre piste.
Sans doute les animaux s’enfuyaient
à votre approche, sentant une main froide
mais je ne vous voyais pas,
et même vos pas ne s’imprimaient pas dans la neige.
Qui êtes-vous
ombres trépassées, fantômes familiers,
pour revenir habiter dans ces lieux
où les vivants sont prêts à s’effacer ?
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Elles cheveux au vent
Emmanuelle Sarrouy
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Cheveux au vent elles
Affichent leur
Puissance de liberté elles
Réclament plus grande
Considération elles
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Chantent a cappella
Capelli al vento
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Leurs cheveux sont
Nos cheveux sont
Armes égales et
Roses multicolores
Pétales lancés
En résistance
Aux quatre vents
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Elles cheveux au vent
Femmes Iraniennes
Et de toutes contrées
Chantent inlassablement
.
A cappella
Capelli al vento
Verso la libertà
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Elle
Sandrine Davin
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– Elle –
Elle est là sur cette terre
Sur sa terre
Natale et de cœur
Les yeux tournés vers l’ailleurs
– Elle –
Elle est là sur cette terre
Genoux à terre
Le voile entre les mains
Une arme au creux des reins
– Elle –
Une larme de sang sur la joue
Son nom, sa terre, plus rien
Non plus rien du tout …
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Les cheveux
Patrick Williamson
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Tout au fond, c’est ouvert et non structuré,
intermédiaire, extrêmement organisé, donc
source primordiale de force, soulevant
le voile, une structure complexe
qui s’écoule à mesure que gonflent les cheveux
gras, qui fait que ces cheveux répugnent
à ces hommes qui te comparent
à un jardin aux grappes suspendues,
à des crochets, chaînes, scorpions, corps mous
de vers segmentés, oubliant
qu’on pense la tige morte,
tandis qu’à l’intérieur se poursuit la croissance, le bulbe
vivant produit, maintient, et grâce aux cellules souches
les cheveux repoussents, se répare votre peau blessée.
trad. Marilyne Bertoncini
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2
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Marie l’Egyptienne, Notre-Dame d’Ecouis, 14ème siècle –
Man Ray – La Chevelure, 1929 – collection Fondazione Marconi
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Tu es venu vers moi
Sophie Brassart
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Tu es venu vers moi, cuir, écharpe
Et j’ai désiré vivre où brûle ta caresse
La moto fendait l’avenue en deux
en nous, attelage happé par son but
.
Et j’ai désiré être neuve
Maintenant se désalignaient
les immeubles, les cheveux éclatants
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Etre possible
Fragment. Opacité, oubli des phares rouges
Mon sein petit dans ton dos
errant et goûtant l’errance
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Offre scellée d’un vertige
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Tȟaté ((l’esprit du vent dans la mythologie Lakota-Sioux)
Béatrice Machet
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Le vent chante les chevelures
Marilyne Bertoncini
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La cime des arbres peigne le vent
le vent caresse la chevelure des branches
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et la toison de l’herbe
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Le vent est libre et chante
dans les cheveux défaits des forêts
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il effleure en passant la tête des primevères
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ou s’attarde un moment pour cueillir le parfum
du jasmin étoilé sur le mur du jardin
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Le vent porte aux étoiles la chanson de la terre,
décoiffe les comètes, fait tourner les planètes
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et c’est tout l’univers qui chante avec le vent
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Le vent est libre et chante quand les cheveux des femmes
sont fleurs épanouies au soleil de la vie.
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Jin Jiyan Azadi
Marilyse Leroux
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La brosse à cheveux
Marilyse Leroux (France)
La cérémonie dominicale avait son autel, entre mousse et cuvette. La brosse en corne attaquait mes cheveux. Longs. Trop longs. Jamais coupés. Les nœuds résistaient à l’approche de la nuque, aussi fins que des pattes d’araignée. Remonter, descendre, la main de ma mère empruntait sans ciller la voie du martyr. Je serrais les dents à chaque passage, les comptant un à un. Un coup de lame abrégeait parfois le sacrifice.
Mon regard fuyait par la fenêtre où le ciel dénouait ses nuages. Un air de réclame en vogue et, bientôt, sous le gant, mille aiguilles attaquaient mes paupières. Aucune consolation, aucune échappée. Fallait-il que je résiste ou que je cède au mouvement ?
Le broc d’eau attendait son moment au pied de la table de toilette. Témoin silencieux d’une enfance à souffrir, pour plus tard.
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Chevelures d’Iran
Alix Lerman Enriquez
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Femmes d’Iran, on brûle vos mèches de cheveux,
Que vous avez voulu détacher, voir flotter à l’air libre du vent,
Comme les vagues brisées par l’écume de votre colère,
Comme les ailes cassées d’un oiseau captif, oublié.
Là-bas, la mer caspienne vous encercle, vous fait prisonnières.
Vos cheveux sont à terre, comme est à terre votre liberté.
Et les voiles des bateaux restés à quai s’enlisent
Sous vos algues marines, sous vos flammes ambrées.
Vos chevelures de femmes flottent sous le soleil indigné
Comme l’étendard de votre courage,
Comme l’étendard de votre dignité.
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1
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Les Cheveux des arbres
Florence Daudé
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Vers qui remontent -ils ces cheveux gris,
Tentacules d’une ancienne mer
Portant leurs sédiments aux arbres d’aujourd’hui ?
Quels socles antédiluviens gardent-ils dans leur moirure?
Ridules de terres infranchissables
Scarifiant patiemment, sans fatigue, la peau de notre terre.
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Crâne lisse
Jacqueline Saint-Jean
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Crâne lisse calebasse
esclave ou rebelle
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tu te souviens là-bas
du vent soulevant
ta folle crinière
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Qui dira jamais
le sort des chevelures
cachées enserrées tondues
scalpées arrachées vendues
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mais ailleurs tressées sculptées
en chemins de mythes
ou déployées ondoyantes
ruisselant sur le paysage
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Cheveux de l’air
Marc Ross
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Ô cheveux de l’air tressés ou en bataille !
Le bon vent se sent de mèche avec vous
Pour vous servir d’emblème tel un drapeau
Au nez et à la barbe des hommes archaïques
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À l’entendre souffler errer de tous côtés
On dirait bien qu’il a pour métier aussi
De prendre un air meilleur pour vous approcher
Sécher une fois pour toutes les larmes de douleur
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Qu’il plaise ou non au ciel aux bourreaux d’ici-bas
N’ayant en tête que murs dressés autour de vous
Des miroirs se dévoilent la lumière se raconte
Des visages de femmes se préparent à la fête.
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Cri incandescent des femmes debout
Lydia Padellec
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Cri incandescent des femmes debout
Des femmes qui jettent voile au feu
Cheveux au vent Sang craché
Au visage âpre du patriarcat
Femmes d’Iran
Femmes d’Afghanistan
Femmes de tous pays
Dont les droits sont bafoués chaque jour
Cut hair, cut hair
Cut hair, cut hair
Cut hair cut hair !
Coupe les cheveux coupe les cheveux
Et brandis-les vers le ciel
Telle la torche flamboyante
De la Liberté !
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