photo mbp

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XXXIX

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Le feuillage en face

frémit et fait semblant d’être

la mer d’Aquitaine.

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Peut-on l’entendre derrière

bois de pins et dune et temps ?

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photo mbp

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XLI

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Les deux battants de la porte-fenêtre,

double page où quelquefois des visages

oubliés ou bien rayés du registre

des vivants la nuit sur les vitres viennent

lire en tapinois ce qui s’est passé

ici-bas, se mirer, se reconnaître,

étonnés d’être surpris en flagrante

lecture, oh ! d’être reconnus encore,

regardés de ce côté-ci des choses où déjà plus pour personne ils n’existent.

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Dans le cendrier du temps, Markus Hediger, 116 pages, L’Aire bleue

Deux brefs extraits d’un recueil en 4 parties où se croisent des souvenirs de lieux, de passants, voyageurs aperçus dans un tram, sur un quai de gare, capturés du regard, croqués de la plume ou flottant dans le quadrillage des vitres qui sont comme des pages de cahier – des souvenirs du père, des êtres chers, que les mots restituent dans le trouble de l’entre-deux, l’à-peine-être, dirais-je, que saisit le poète – qui comme Orphée sait la valeur des ombres et des reflets qui nous entourent et nous traversent.